19/05/2020
Après l’Allemagne, l’Autriche !
Une nouvelle étude portant sur la propagation des aérosols a été réalisée avec les musiciens de l’Orchestre Philharmonique de Vienne. Un résumé est accessible sur le site de cette prestigieuse formation. Voici sa traduction :
Les musiciens de l’Orchestre Philharmonique de Vienne veulent adopter une approche positive.
« Nous nous sommes laissé tester, comme dans le sport. Ainsi avons-nous déjà effectué des tests sérologiques et participé à un test d’émission d’aérosols et nous sommes heureux de mettre ces résultats à la disposition du ministère de la santé et du public. Nous ne pouvons offrir la meilleure qualité que lorsque nous jouons dans des circonstances suffisamment normales.
Afin de fonctionner musicalement et artistiquement comme à notre habitude, de garantir l’homogénéité et la qualité du son de notre orchestre et de pouvoir communiquer de manière non verbale avec les collègues, nous ne voulions pas rester seuls face à notre pupitre et garder une trop grande distance ; aussi nous avons cherché des solutions possibles et avons donc commandé les tests ». Ainsi s’exprime le président de la Philharmonie de Vienne, Daniel Froschauer.
Le médecin chargé de l’étude du test d’émission d’aérosols, le professeur Fritz Sterz, résume les résultats comme suit : « L’objectif principal de cette étude était d’étudier et de documenter la manière avec laquelle les flux d’air sont générés par les instruments et les instrumentistes. »
À raison de 4 à 8 litres d’oxygène par minute, une buse placée dans un petit récipient contenant 0,9 % de sel de cuisine produit un brouillard (= aérosol). À l’aide de petites sondes dans les narines, les musiciens recevaient continuellement cette brume en plus de leur respiration, permettant ainsi d’assurer la dispersion de l’aérosol dans les voies aériennes supérieures. Dans une chambre noire, des projecteurs particulièrement puissants étaient placés derrière chacun des musiciens, à gauche et à droite, pour rendre les aérosols visibles. Cela a permis de visualiser et de documenter photographiquement la circulation de l’air expiré à contre-jour.
Ainsi, un enchainement calme d’inspirations et d’expirations dans une situation normale provoque un nuage de brume qui se répartit dans rayon de 50 centimètres maximum autour de la bouche et du nez de tous les musiciens.
Pour les instrumentistes à cordes, on a pu constater qu’il n’y avait aucun changement autour de la tête en situation de jeu. Les instrumentistes à vents ont formé des nuages de taille similaire dans la région de la bouche, du nez et de la tête et cela, indépendamment de la technique de respiration. Le nuage présentait une formation de tourbillons accrue, de telle sorte que la forme sphérique initiale n’était plus visible. Aucun aérosol, ou alors, à peine visible, ne s’est échappé des ouvertures des instruments à vent. Avec la flûte, on observe qu’une grande quantité d’aérosol s’est échappée de l’embouchure à l’extrémité de l’instrument, ce qui a entraîné la formation de nuages d’une taille d’environ 75 centimètres. Ainsi, il ne faut pas s’attendre à ce que l’air exhalé par un artiste n’excède une distance 80 centimètres. »
Traduction : ©Nicolas Stroesser (19.05.2020)
Les photos qui suivent sont extraites d’un article présentant cette étude sur le site de la radio autrichienne ORF.at. Vous trouverez sa traduction ICI.
4 Comments
Merci beaucoup !
Mais…. et les chanteurs ?
https://www.lemonde.fr/blog/realitesbiomedicales/2020/05/18/etats-unis-deux-morts-du-covid-19-parmi-cinquante-deux-personnes-contaminees-au-sein-dune-chorale/
Mercier
Bonjour un grand merci pour ce relais d’études. De quoi un petit peu réconforter tous les musiciens d’orchestre d’harmonie ! Belle journée à vous Celine Blondeau
Blondeau
Reste en suspens, si j’ose dire, la question du devenir de l’air expiré par une personne potentiellement infectée, dans une salle fermée, mais soumise à des circulations d’air naturelles (différences de température) ou provoquées (climatisation, aération) pendant un concert de 2 heures. Quels sont les risques d’accumulation d’une éventuelle « dose infectante » ? Voilà qui reste à approfondir.
Jean Haas
Comme évoqué dans le billet précédent (17/05), ces études (qui relèvent de la physique) sont le fait de chercheurs en mécanique des fluides et aérodynamique. Elles traitent donc principalement de la question du déplacement d’air (en lien direct avec la problématique des aérosols) et de l’écoulement de l’eau de condensation pour les instrumentistes à vent. Le caractère infectant d’un virus est un phénomène complexe, très difficile à appréhender et fait l’objet d’études médicales et épidémiologiques.
Nicolas Stroesser