21/08/2020
Présent au 20h sur France 2 le 20 août, Jean-Michel Blanquer confirme que la rentrée aura bien lieu le 1er septembre pour les élèves et annonce de nouvelles consignes sanitaires pour les écoles et établissements. Elles portent essentiellement sur le masque dont le port sera obligatoire en toutes circonstances pour les adultes — y compris en maternelle où il sera « recommandé » — et pour les élèves au-dessus de 11 ans1
Maintien de la rentrée au 1er septembre
A la question du journaliste portant sur l’éventualité d’un report de la rentrée scolaire, le ministre indique que « le report n’est pas une hypothèse. […] Il y a d’autres maux. Les enfants qui ne vont pas à l’école prennent du retard qui n’est pas rattrapable plus tard », ajoutant cependant qu’ « il peut y avoir des exceptions locales, c’est un point majeur de préparation de la rentrée puisqu’on est capable de considérer à l’échelle d’une école, d’un établissement ou même d‘un territoire un problème ou un autre ; […] le protocole qui a été élaboré au mois de juillet prévoie tous les types de situation, donc une circulation faible du virus, une situation forte du virus et ce protocole établit un certain nombre d’éléments […] qui nous permettent d’assurer les deux objectifs que nous avons et qui sont, premièrement la protection de tous, les élèves et les adultes, mais aussi l’éducation pour tous qui est quelque chose de fondamental et qu’on ne saurait minimiser. »
Pour être tout à fait exact, le protocole du mois de juillet ne considère qu’un unique scénario, celui de la reprise pour tous les élèves et il est basé sur le principe d’une circulation faible du virus. Ce n’est que dans le Plan de continuité pédagogique que figurent un certain nombre de dispositions concernant la mise en œuvre de la continuité pédagogique, dans l’hypothèse d’une circulation active du virus sur tout ou partie du territoire à la rentrée scolaire.
Et en cas de circulation plus active du virus ?
Un cas de figure qu’envisage le ministre avec une possibilité d’enseignement hybride. « Si dans l’avenir on avait une plus grande circulation du virus, on pourrait avoir un peu d’enseignement à distance et de présentiel pour avoir des plus petits groupes d’élèves. Nous y sommes prêt, y compris sur le plan pédagogique avec des heures de cours enregistrées, avec l’enseignement à distance qui est prêt », ajoutant qu’« il pourrait y avoir un confinement partiel pour tenir compte de situations spécifiques [ …] et c’est pourquoi il y a un travail très étroit, quotidien, entre les recteurs, les préfets, les directeurs et les directrices des agences régionale de santé de façon à être capable de prendre des mesures appropriées ».
Le propos est clair : une mesure générale — qui correspond au protocole sanitaire du 9 juillet, le scénario « nominal » — avec rentrée de tous le 1er septembre, mais une capacité d’adaptation territoire par territoire.
Conduite à tenir en cas de covid à l’école
Question du journaliste : « Cas pratique, on est dans une classe, dans une école avec 1 ou 2 cas de Covid, qu’est-ce qui se passe ? »
Réponse du ministre : « On fait immédiatement des tests […] sur la classe et sur l’école, autrement dit sur les cas contacts. Dès qu’il y a un enfant ou une personne qui est symptomatique […], on fait le test de tous ceux qui peuvent être concernés et, à partir de là, on remonte la chaine de contamination, de façon à prendre les mesures d’isolement. […] Ensuite, c’est au cas par cas qu’on prend les mesures ; ça peut être la fermeture d’une classe, la fermeture d’une école ; c’est avec les autorités de santé que nous décidons. […], l’objectif étant à chaque fois de réagir dans les 48 heures. Jean-Michel Blanquer invoque le cas de la Mayenne pour illustrer son propos en précisant que c’est bien l’application de ces mesures qui ont permis de contenir l’épidémie.
La question du brassage
Un sujet évoqué très brièvement dans l’interview, le ministre s’en tenant à indiquer qu’il y aura « une limitation du brassage des classes », tout en promettant que les cantines fonctionneront normalement. Comme le soulignent de nombreux enseignants, cette question est importante au regard de la traçabilité des cas contacts. Cela étant, il convient aussi de relativiser ce point car, en dehors des écoles, collèges et lycées, ce brassage est inéluctable !
… Et pour les conservatoires ?
Si l’on s’en tient au principe d’homologie évoqué dans le billet précédent et, qu’à nouveau, on rappelle que les établissements d’enseignement artistique relèvent pleinement du code de l’Éducation2, le silence assourdissant de notre ministère de tutelle devient très difficile à vivre pour l’ensemble des équipes de nos établissements. Le service de la Direction générale de la création artistique ne devrait-il pas être en capacité de formuler des instructions nationales, notamment, sur la conduite à tenir en cas de covid détecté dans un conservatoire, mais tout autant sur l’organisation du lien avec les autorités relevant de l’Éducation nationale et de la santé ? À charge ensuite pour les collectivités locales de les adapter, en fonction du degré de circulation du virus et en parfaite cohérence avec les dispositions prises au niveau des établissements scolaires et en lien avec les agences régionales de la santé.
Se réfugier derrière le fameux principe de libre administration ne peut justifier aujourd’hui un tel silence de la part de la DGCA au regard de la gravité de la situation. L’isolement dans lequel se trouvent les conservatoires ne fait qu’aggraver encore les difficultés dans lesquelles se trouvent les équipes pédagogiques depuis bientôt six mois. Il est également source de stress pour les responsables de ces établissements, lesquels ont a faire face à la fois aux inquiétudes des personnels, des élèves et de leur parents, tout en étant sollicités par ailleurs par leur hiérarchie, dans le cadre du plan de reprise d’activités de l’ensemble des services de leur collectivité.
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- L’interview de Jean-Michel Blanquer au « 20 heures » de France 2
- Chapitres 1 et 2 du Titre VI du livre IV.
2 Comments
Merci beaucoup!
Cappellin
Encore une fois merci pour ces infos et commentaires ! Il est terrible de constater l’éloignement, année après année, du « paquebot » Ministère de nos préoccupations d’établissements d’enseignement (mot souligné !) spécialisé…
D. PREVOT