Concours ATEA 2018 – Vrais-faux externes et vrais-faux internes !

13/01/2018
La dernière session des concours concernant le grade des assistants – il s’agissait alors encore des assistants spécialisés d’enseignement artistique (ASEA) – remonte à 2011, créant ainsi une situation de carence de concours tout à fait inédite dans la fonction publique territoriale.

De ce fait, une part importante des jeunes diplômés sortis des Cefedem se trouvent depuis plusieurs années en situation effective d’emploi dans les conservatoires, ce qui leur permet de prétendre à deux, voire à trois voies d’accès à ces concours1.

D’une manière générale, les concours d’accès sont organisés de telle sorte qu’ils puissent permettre de prendre en compte la diversité des situations professionnelles en proposant des épreuves dont les objectifs diffèrent (en principe) en fonction du profil des candidats.

A cet égard, le décret fixant les modalités d’organi­sation des concours pour l’accès au cadre d’emplois des assistants territoriaux de conservation du patrimoine et des bibliothèques2 est particulièrement explicite :

– Le concours externe se compose d’une unique épreuve d’entretien ayant pour point de départ un exposé du candidat sur sa formation et son projet professionnel permettant au jury d’apprécier ses connaissances dans la spécialité choisie, ses motivations et son aptitude à exercer les missions dévolues aux membres du cadre d’emplois.

– Le concours interne et le 3ème concours se compose d’un entretien ayant pour point de départ un exposé du candidat sur les acquis de son expérience et comportant des questions sur la spécialité au titre de laquelle le candidat concourt.

On peut ainsi clairement noter la distinction qui s’opère entre la voie externe (avec l’exigence d’une condition de diplôme qui atteste a priori de la compétence du candidat) et la voie interne ou le 3ème concours s’adressant à des candidats qui ne détiennent pas le titre demandé3 et pour lesquels l’épreuve d’entretien va constituer, en partie, une forme de validation des acquis de l’expérience permettant de vérifier leur niveau d’expertise dans la discipline qu’ils ont choisie.

Comme on peut le constater au travers de cet exemple très parlant, les membres du jury ne devraient donc pas vérifier les même compétences entre un candidat se présentant à la voie externe et un autre ayant choisi la voie interne, du fait de son parcours professionnel.

Les textes réglementaires4 concernant le cadre d’emplois des ATEA, loin d’établir cette distinction, entretiennent au contraire la confusion entre ces trois voies d’accès qui devraient pourtant être bien distinctes !

Ils mélangent en effet allègrement, quel que soit le type de concours, compétences, expérience professionnelle du candidat, aptitudes à exercer ses fonctions dans le cadre des missions dévolues à ce cadre d’emplois, capacité à s’intégrer dans l’environnement professionnel territorial, aptitude et motivation à exercer les missions dévolues au cadre d’emplois, connaissances dans sa discipline artistique, capacité à travailler en équipe, etc. On en finit même par s’interroger sur ce qui doit être effectivement évalué au cours de cet entretien malgré les deux annexes que contient l’arrêté d’avril 2017 !

Compte tenu de la situation très particulière de cette session, les membres des jurys vont se trouver confrontés à une absence de différence entre certains candidats se présentant à l’interne – bien qu’ayant, pour une partie, la condition de titre leur permettant de se présenter à l’externe –, et d’autres qui se présentent à l’externe – bien que doté d’une solide expérience pouvant leur donner accès à la voie interne !

Pour autant, outre ces vrais-faux internes et vrais-faux externes, se présenteront également des candidats qui seront de vrais internes et (plus rarement) de vrais externes ; pour des questions d’équité, il serait bon que les jurys soient en capacité d’apprécier toutes ces subtilités afin de préserver l’esprit de ces concours qui visent aussi à favoriser la diversité socio‑professionnelle des profils des candidats.

 

NB : Pour mémoire, rappelons que si un court exposé du candidat, de cinq minutes au plus, portant sur son expérience professionnelle, fait bien partie de l’épreuve pour le concours externe d’accès au premier grade (ATEA), il n’est nullement fait état de cet exposé dans les textes réglementaires qui concernent le concours externe du grade des ATEAP. Les membres du jury pourront donc tout à fait commencer directement par des questions .
En revanche, ce court exposé de 5 minutes portant sur le parcours professionnel et le projet pédagogique sera bien exigé pour le concours interne, le troisième concours et l’examen professionnel.

Cependant, on ne saurait trop conseiller aux candidats à l’externe de bien se préparer à une première question qui pourrait être… « Merci de commencer par vous présenter brièvement » !
😉


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  1. En effet, une condition d’ancienneté de 4 ans est requise pour pouvoir prétendre au concours interne ou au 3ème concours et il est tout à fait légal pour un candidat de se présenter aux différentes voies dès lors qu’il rempli bien les conditions d’inscription
  2. Décret n°2011-1882 du 14 décembre 2011 fixant les modalités d’organisation des concours pour le recrutement des assistants territoriaux de conservation du patrimoine.
  3. Diplôme sanctionnant une formation technico-professionnelle homologué au niveau III correspondant à l’une des spécialités du concours.
  4. – Arrêté du 27 avril 2017 fixant le programme des épreuves des concours d’accès au cadre d’emplois des assistants territoriaux d’enseignement artistique et des assistants territoriaux d’enseignement artistique principal de 2e classe ;
    – Décret n° 2012-1019 du 3 septembre 2012 fixant les modalités d’organisation des concours pour le recrutement des assistants territoriaux d’enseignement artistique (modifié par le décret n°2017-664 du 27 avril 2017) ;
    – Décret n° 2013-593 du 5 juillet 2013 relatif aux conditions générales de recrutement et d’avancement de grade et portant dispositions statutaires diverses applicable aux fonctionnaires de la fonction publique territoriale.

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